Comment l’Eglise entend-t-elle assumer sa mission ecclésiale d’agir sur le milieu afin de répandre l’espoir d’un monde plus juste, pacifique et fraternel ?
Institué depuis le Concile Vatican II (1962-1965), le « Service Justice et Paix » (SJP), devenu le 1er janvier 2017 « Service pour le Développement Humain Intégral » (SDHI), reste mal connu et peu promu au sein de l’Eglise et de la société. En rédigeant cet article, la Commission Diocésaine Justice et Paix entend apporter sa modeste contribution pour que ce service soit davantage promu dans les différentes paroisses et au mieux susciter l’engagement de tous, de chacun, au service de la justice, la paix, du développement et de la protection de la création.
GENESE DE CREATION DU SJP/SDHI
Le SJP/SDHI naît du souhait du Concile Vatican II de créer un organisme au sein de l'Eglise Catholique pour inciter les communautés à promouvoir l'essor des régions pauvres et la justice sociale entre les nations.
« Considérant l’immense misère qui accable aujourd’hui encore la majeure partie du genre humain, pour favoriser partout la justice et en même temps pour allumer en tout lieu l’amour du Christ à l’endroit des pauvres, le Concile, pour sa part estime très souhaitable la création d’un organisme de l’Eglise universelle chargé d’inciter la communauté catholique à promouvoir l’essor des régions pauvres et la justice sociale entre les nations » (Gaudium et Spes, n°90).
Pour répondre à cette aspiration, le 06 Janvier 1967 le Pape Paul VI créa la Commission Pontificale Justice et Paix. Le 28 Juin 1988, le Pape Jean-Paul II a transformé la Commission en Conseil Pontifical. Depuis le 17 août 2016, le Pape François a publié un autre motu proprio instituant le Dicastère pour le Service du Développement Humain Intégral avec transfert des compétences du Conseil Pontifical Justice et Paix qui a pris effet le 1er janvier 2017. La Commission Diocésaine Justice et Paix de Yaoundé (CDJP) créée le 12 janvier 1969 par Mgr Jean ZOA, alors Archevêque de Yaoundé est l’une des premières Commissions Diocésaines créées au lendemain du Concile.
ORGANIGRAMME DU SJP/SDHI
Ce service est institué à tous les niveaux de l’Eglise à savoir du sommet à la base. Ainsi,
Au niveau International, nous avons le Conseil Pontifical Justice et Paix, qui depuis janvier 2017 est fondu dans le Dicastère pour le Service du Développement Humain Intégral. Son siège se trouve au Vatican et a à sa tête un Cardinal.
Au niveau sous régional, en Afrique Centrale nous avons Justice et Paix ACERAC qui regroupe les 06 pays de l’Afrique Centrale (Cameroun, Congo Brazzaville, Gabon, Guinée Equatoriale), République, Centrafricaine, Tchad).
Cette Commission se réunit tous les deux ans pour des échanges entre les différentes Commissions « Justice et Paix » et des concertations sur des questions portant atteinte à la dignité humaine en Afrique centrale. À sa tête se trouvent un Président et un Coordonnateur.
Au niveau national, il y a : - La Commission Episcopale « Justice et Paix » présidée par un Evêque ; - Le Service National Justice et Paix, qui coordonne le Réseau National « Justice et Paix » constitué par les Commissions Diocésaines « Justice et Paix », a à sa tête un Coordinateur.
Au niveau provincial, la Coordination Provinciale Justice et Paix est présente dans les 05 provinces ecclésiastiques du Cameroun (Bamenda, Bertoua, Douala, Garoua et Yaoundé).
Au Niveau Diocésain, il existe des Commissions Diocésaines Justice et Paix (CDJP) dans tous les diocèses. La CDJP coordonne et anime le réseau diocésain Justice et Paix formé par l’ensemble des paroisses.
Au Niveau Paroissial, nous avons les Comités Paroissiaux Justice et Paix (CPJP). Le CPJP assure l’animation et la coordination du service Justice et Paix au niveau paroissial. Il est généralement constitué par l’ensemble des communautés ecclésiales « Justice et Paix ».
ROLE ET MISSION DU SJP/SDHI AU SEIN DE L’EGLISE ET DE LA SOCIETE
Son rôle et sa mission au sein de l’Eglise ?
Le Service Justice et Paix a pour objectif de faire assumer aux membres de l’Eglise (clergés, religieux et laïcs) leur mission ecclésiale d’agir sur leur milieu afin de répandre l’espoir d’une vie plus fraternelle, juste et pacifique. Il se présente à cet effet comme:
-Un organe d’étude et de réflexion, un instrument indispensable de l’Eglise pour la promotion de la justice et la paix, et du développement humain intégral ;
-L’œil vigilant de l’Eglise locale au sein de notre société au sujet de tous les problèmes épineux qui la hantent, en particulier ceux relatifs à la justice sociale, l’équité, les droits de l’Homme, la promotion du bien commun, la coexistence démocratique, la paix, et le développement.
Son rôle et sa mission dans la société?
Le Service Justice et Paix mène un travail d’étude, d’éducation, de plaidoyer et de lobbying politique autour des questions liées aux droits humains, au développement, à la paix, à la démocratie, à la bonne gouvernance que ce soit au niveau local, national ou international.
Au-delà de son travail d’étude et de plaidoyer auprès des décideurs politiques, convaincu que chacun peut agir contre les injustices et les mécanismes qui les provoquent, le Service Pour le Développement Humain Intégral vise à développer la capacité d’analyse et de prise de responsabilité de tous et de chacun et, de cette façon à transformer de manière progressive les consciences et les mentalités. Le Service Justice et Paix contribue ainsi à l’avènement d’une société juste et solidaire, fondée sur le respect de la dignité de la personne humaine. Il promeut les rapports humains et sociaux faits de dialogue, de réconciliation, de fraternité, de solidarité, de concertation et d’égalité, et non de violence et de la suprématie des plus forts et des riches. Il s’agit globalement d’un rôle et d’une mission d’évangélisation, de charité, de solidarité, de fraternité, d’assistance, de conscientisation, de formation et d’éducation que l’Eglise est appelée à remplir pour bâtir un monde meilleur. Les rôle, missions et activités du SJP/SDHI sont définis dans le statut du Dicastère pour le Développement Humain Intégral (DDHI) en son article 3 qui dispose :
§1. « Il revient au dicastère d’approfondir la doctrine sociale de l'Eglise, faisant en sorte qu'elle soit largement diffusée et mise en pratique et que les relations sociales, économiques et politiques soient imprégnées toujours davantage de l'esprit de l'Evangile ».
§2. « Il rassemble des informations et des résultats d'enquête sur la justice et la paix, le progrès des peuples, la promotion et la protection de la dignité et des droits humains, spécialement, par exemple, ceux concernant le travail, y compris celui des enfants, le phénomène des migrations et l‘exploitation des migrants, le commerce de vies humaines, l’esclavage, l’emprisonnement, la torture et la peine de mort, le désarmement ou la question des armements ainsi que les conflits armés et leurs conséquences sur la population civile et sur l’environnement naturel (droit humanitaire). Il évalue ces données et fait part aux organismes épiscopaux des conclusions qu’il en a tirées afin qu’ils puissent intervenir directement, s’ils le jugent opportun ».
Pour la Commission Diocésaine « Justice et Paix » de Yaoundé, L’Equipe de la Cellule d’Animation.
